André Frénaud (1907-1993) a laissé six grands recueils de poésie, patiemment composés, parmi lesquels l'incontournable Sorcière de Rome (1973). Lire les poèmes de Frénaud, c'est participer à un travail de subversion culturelle, de mise en question des fondements même de la société - religion, traditions, vision du monde. Cette oeuvre n'est pas d'accès facile. Elle déroute. Elle fait découvrir un désespoir face à notre impuissance à changer les choses ; or il est constamment combattu. Comme malgré elle, la poésie de Frénaud trouve un répit fragile dans un monde éclaté. Sartre l'a dit, son point de départ est un <>. C'est une lucide acceptation de la mort. Dès lors, cette poésie permet d'appréhender le sens de la vie au-delà des faux-semblants courants, qu'ils soient religieux ou idéologiques. Avec ses poèmes. Frénaud éclaire notre monde, notre société, notre façon de vivre. A travers une expression artistique qui évolue, de recueil en recueil, et que la présente étude analyse à partir de deux axes, thématique et chronologique, cette oeuvre majeure du XXe siècle, aboutit à un stoïcisme lucide. L'absence d'espoir, le désenchantement, la menace du pire, se muent en une prudente sérénité, ancrée dans la vie, dans la convivialité toujours possible des hommes L'originalité d'André Frénaud réside ainsi dans un équilibre panique.