Ingeborg Bachmann (1926-1973) n'a vécu que 47 ans, mais son oeuvre, dont
une partie importante resta inachevée, constitue l'une des productions de
langue allemande les plus remarquables du XXe siècle. Moins connue en
France que d'autres écrivains d'origine autrichienne, dont certains qu'elle a
connus ou aimés, comme Paul Celan ou Thomas Bernhard, l'univers de cette
auteure engagée est déchiré entre une tradition dont elle hérite, marquée
par la guerre et le national-socialisme, et le monde tel qu'elle l'esquisse et le
rêve dans son oeuvre lyrique ou en prose. Elle inventa une pensée sans précédent,
mouvante, oscillante, qui a préfiguré bien des évolutions ultérieures
et s'est matérialisée dans la déconstruction des genres.