Quand son père meurt, le narrateur de ce récit débute son monologue. Il a onze ans. Il commence à parler face à son vide. Il creuse son manque par la parole. Il se laisse mettre en scène, en mots, par l’absent. Ainsi, sa mort est son verbe, sa voix. Il est l’acteur qui répète, dans la distance, sa disparition, qui la lui donne, soulevé vers lui, vers elle, pour porter son ombre, pour être sa ressemblance.
Ce faisant – ce récit est cette opération, la psalmodie d’un acte impossible – il hérite de sa mort...
Il s’agit donc de répéter sa mort, de traverser son coma, de remonter jusqu’à l’énigme de lui vivant, pour garder la mémoire, pour l’aimer dans la distance, pour pouvoir survivre avec ça. De répéter sa chute pour rester debout. De frotter sa poussière, de répandre ses cendres...