Coureur le plus titré du Berry, Jean Graczyk appartient à cette génération de cyclistes qui faisaient la une des Miroir du cyclisme, Miroir-Sprint ou Sport et vie à l'époque où le cyclisme était le sport le plus populaire en France.
Champion de France des amateurs en 1956, médaille d'argent en poursuite aux Jeux olympiques la même année, Graczyk conquiert ensuite le maillot vert du classement par points dans les Tours de France 1958 et 1960. Formidable sprinter, ses duels avec André Darrigade passionnent la France sportive. Il fait alors partie de la fameuse équipe du Centre-Midi construire autour de Raphaël Géminiani et qui dynamite le Tour 1958.
Son palmarès s'enrichit ensuite du Paris-Nice-Rome 1959, du Critérium National 1960, et surtout du fameux Super-Prestige Pernod 1960 récompensant le meilleur routier international sur l'ensemble de la saison. Il atteint alors le sommet de sa gloire sportive. Bon dans tous les domaines, route, piste et cyclo-cross, Jean Graczyk totalise 65 victoires au cours d'une carrière professionnelle qui s'étale de 1957 à 1969, et persévère encore dans les critériums jusqu'en 1972.
Cette biographie permet de se plonger dans l'ambiance d'un cyclisme d'une autre époque, quand les coureurs avaient à coeur d'animer des échappées d'envergure pour se soustraire à la monotonie des pelotons. Jean Graczyk, dit Popof, était de ceux-là. Eternel attaquant, il flinguait à tout-va, ne ménageant pas ses efforts car d'une nature généreuse.
Devenu paisible retraité, il a vécu discrètement dans son petit village du Cher jusqu'en 2004. Solitaire et taciturne, loin des honneurs et des cérémonies officielles qui l'embarrassaient plus qu'autre chose, il ne se plaisait que dans les bois et les prés.