Les profondes transformations esthétiques, techniques et socio-économiques qui ont bouleversé la création et la consommation musicales depuis 1945 donnent aujourd'hui au projet d'une sociologie de la musique toute son actualité et tout son sens. Elles ont en effet accéléré l'évolution des relations entre musique et société dans deux directions opposées : plus l'engouement pour les œuvres du passé a grandi, plus la création savante contemporaine s'est projetée dans le futur et a paru défier depuis 40 ans mélomanes, interprètes et publics des autres musiques.
C'est ce destin qui est ici analysé. Pierre-Michel Menger explore les lois du marché musical et l'action des institutions qui orientent son développement, les conditions très inégales d'existence des compositeurs, les rapports entre vie sociale, carrière professionnelle et activité créatrice de ceux-ci, les enjeux des conflits esthétiques et leurs retentissements dans la vie musicale française, les effets de l'intervention sans cesse élargie de l'Etat, le rôle des éditeurs et des médias et l'évolution des relations entre la musique contemporaine et les mélomanes.
Tout au long de ce parcours résonne une question qui fait surgir les paradoxes évoqués dans le titre du livre : quel est aujourd'hui le prix de la liberté de créer ?