Quand on a six ou sept ans, comme Lola, partie sur la grand-route «voir le
monde», Nicolas en quête d'un aïeul protecteur, ou Rachel, l'enfant juive
pourchassée par la guerre, le Monde vous paraît immense, plein de mystères,
de séductions et de dangers. Mais on ouvre grands ses yeux, on n'a pas
encore oublié le langage des bêtes - l'âge de raison attendra -, on bavarde
avec le ruisseau, la nature entière vous accueille et vous fait signe : le soleil
rit avec vous ; le nuage noir est comme l'ombre de la peine qui glace le
coeur ; l'arbre vous serre dans ses bras...
Tout est vivant, jusqu'à la petite pierre douce et usée venue du fond des âges,
tout bruit de voix qui expliquent, rassurent, encouragent.
Car il est difficile de grandir et on a peur, parfois, de se risquer hors du nid.
Mais «dans la vie, vient un jour où il faut savoir». À six ou sept ans, on est
fragile mais on va droit son chemin.