Toute vie humaine en contient plusieurs, compartimentées, cloisonnées, aveugles les unes aux autres. C'est à la recherche d'un de ces fragments - ses dix premières années - d'une gravité décisive, que se consacre Robert André, à la fois narrateur et sujet.
Avec une admirable minutie, le romancier construit patiemment son document autobiographique sur un rythme destiné à mettre en valeur les scènes capitales du passé. Son enfance, dans le quartier du Val-de-Grâce à Paris, s'écoule d'abord auprès de ses parents d'origine modeste, puis auprès de sa grand-mère, concierge du côté des Cobelins. Il souffre d'asthme et de cent complications pulmonaires qui aiguisent violemment sa sensibilité et sa clairvoyance. Il adore sa mère. déteste et redoute son père dont l'unique volonté est d'échapper à la médiocrité de sa classe. Il atteint ainsi l'âge de dix ans. Cette étape correspond à la fin dramatique d'une part de lui-même, au début d'une autre. Scrupuleux, lucide, poussant l'analyse jusqu'aux plus subtils détails, soucieux aussi de suivre l'évolution d'une famille d'artisans ambitieux. Robert André nous livre un puissant témoignage, personnel et social.