Dans les Contes et nouvelles en vers, La Fontaine ne cache pas qu'il s'accorde quelques licences par rapport aux normes morales ou esthétiques ; mais celles-ci relèvent moins d'une subversion que d'une dérogation consentie par les mondains à qui se destinent les contes. Échafaudant sa légitimité en marge des règles, le texte ménage ainsi divers dispositifs pour convaincre le lecteur d'approuver les écarts commis, notamment en détournant des formes d'écriture ou de pensée habituelles dans le champ mondain. La poétique licencieuse du conteur se situe donc à la frontière du permis comme du défendu, reflet d'un classicisme ironique envers ses propres codes et reposant essentiellement sur la connivence avec le lecteur.