La remise en cause des modèles d'éducation, la perte de légitimité des institutions politiques et religieuses reflètent la crise de l'autorité qui affecte les sociétés occidentales. Comment interpréter ce phénomène? Dans les sociétés démocratiques, la requête d'autonomie de chacun dissoudrait-elle fatalement l'expression de toute volonté générale? Peut-on, dans ce contexte, refonder l'autorité? S'il est clair que Dieu ne gouverne plus la cité, le monothéisme chrétien contribue-t-il à redéfinir le lien social ou doit-il être définitivement relégué dans le domaine privé?
Historien des religions, Jean-Yves Baziou propose, en s'inscrivant dans le débat sur la démocratie, de revisiter les fondements de l'autorité. Il esquisse une passionnante histoire politique et théologique du pouvoir durant l'ère chrétienne et met à jour trois modèles d'autorité de Dieu. Le premier, de type monarchique, insiste sur l'unité nécessaire des sociétés confrontées au risque de fragmentation ethnique, sociale ou culturelle. Le second modèle met l'accent sur la reconnaissance des différences contre toute tentative de pouvoir sans partage de l'État sur les personnes. Le troisième type d'autorité fonde sa pertinence sur la relation et le dialogue qui permettent de conjuguer unité et pluralité.
Ainsi, la référence à l'autorité de Dieu, à la fois Autre et Unique, bien loin de vouloir imposer des règles à la cité, dessine un horizon pour une action des chrétiens à l'âge de la démocratie: le salut de l'autre et le plaisir de la rencontre, la construction d'une communauté humaine où les individus et les peuples se parlent dans l'estime. L'autorité y serait alors comme un trait d'union des différences humaines.
Couverture Atelier Didier Thimonier