Le Commentaire d'Origène sur l'Épître aux Romains a été composé
à Césarée vers 243, et traduit par Rufin d'Aquilée dans les
années 405-406. Après la publication des livres I à V (édités dans
SC 532 et 539), le présent volume donne accès aux livres VI, VII
et VIII, qui expliquent la section allant de Rm 6, 12 à Rm 11, 36.
Le livre VI et les premiers chapitres du livre VII sont particulièrement
riches pour l'anthropologie et pour la pneumatologie ;
Origène y commente, entre autres, tous les passages de Rm 8 sur
l'Esprit saint. La suite du livre VII est consacrée au texte de Rm 9,
qui donne lieu à une importante réflexion sur l'élection et sur le
libre arbitre ; Origène s'efforce ici de maintenir contre les gnostiques
l'affirmation de la liberté humaine. Enfin, le livre VIII porte
sur les chapitres 10 et 11 de l'épître ; on relève notamment l'insistance
d'Origène sur le «reste» du peuple élu, et sur la perspective
d'un salut pour «tout Israël» lorsque la «plénitude des nations sera
entrée» (Rm 11, 25-26).
Plus tard, dans l'Occident latin, la controverse pélagienne
conduira à mettre avant tout l'accent sur les doctrines du péché,
de la justification et de la grâce. Par ailleurs, sous l'effet d'un anti-judaïsme
dominant, on en viendra parfois à oublier l'attachement
de Paul à Israël et son espérance au sujet de ce peuple. De
telles évolutions font apparaître, par contraste, l'originalité du
Commentaire d'Origène. Cette originalité ne tient pas seulement
au contexte de l'opposition à Marcion et aux gnostiques. Elle
s'explique d'abord par l'attention de l'Alexandrin à un thème
essentiel de l'Épître aux Romains : Origène a su reconnaître la place
majeure que tenait, dans cet écrit, la méditation de Paul sur la
destinée d'Israël et des nations.