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« Un métis n’a pas de majuscule. J’approchais de mes quarante ans quand je l’ai découvert. On écrit de manière correcte un Noir ou un Blanc, mais un métis. Pourquoi une lettre capitale à mon père, pourquoi une lettre capitale à ma mère, pourquoi une lettre minuscule dès lors qu’il s’agit de mes frères et moi ? On m’a répondu : un Noir, c’est une race ; un Blanc, c’est une race ; un métis, ce n’est pas une race. À partir de quand est-on une race ? »
Le métissage est à la mode. On nous dit que c’est une chance, que c’est l’avenir, et même que c’est un progrès pour la France et pour l’humanité. « Quelque part, nous sommes tous des métis » est une jolie petite machine à raboter les souffrances – celles des autres. C’est parfois une manière polie de claquer la porte au nez. Alors que l’on proclame partout que le métissage est une bénédiction, tout conspire à prouver le contraire. Les métis sont perçus comme des humains à la fois incomplets et encombrés : ni tout à fait noirs, ni tout à fait blancs, on leur reproche pourtant, fatalement, d’être trop noirs ou trop blancs. On leur dénie méthodiquement tous les bénéfices d’une « double culture » que les discours politiquement corrects ne cessent pourtant de valoriser. Et on ne cesse d’exiger d’eux qu’ils trahissent explicitement la lignée de leur père ou de leur mère. Et, si on observe de près le fonctionnement des sociétés « métissées » nées de l’esclavage, on ne peut que s’inquiéter du destin auquel sont promis les métis dans les nations occidentales. Car, curieusement, on laisse suinter ici ou là, et sans s’en inquiéter, la haine des métis.