Les oeuvres de ce volume, Mon roi vaincu et Les bras
autour du cou, ont été inspirées par les années sombres qu'a
connues l'Europe, emprisonnée par le troisième Reich. Et ce
sont des femmes qui illustrent avec fierté, parfois dans la douleur,
le message de l'auteur.
Le premier texte, un dialogue caustique entre la Princesse et
une jeune historienne, a pour toile de fond la politique narcissique
d'un Roi rêveur, attaché anachroniquement à l'idée d'un
pouvoir royal absolu. L'affrontement idéologique des deux
femmes débouche sur le problème de l'historicité du temps et
de l'évanouissement du sacré dans la société actuelle, sentiment
auquel seuls l'aristocratie et le peuple juif seraient encore
attachés. Mon roi vaincu est une complainte composée pour
une princesse flamande fascinante, otage des années malades
de notre Europe.
La pièce Les bras autour du cou rappelle le sort des femmes
soviétiques dans Leningrad assiégée de 1941 à 1943 par l'armée
allemande. Taraudées par la faim, le froid et la solitude,
elles devraient attendre la fin de la guerre pour accomplir le
geste... de Pénélope, mettre les bras autour du cou de leurs
vaillants guerriers de maris. Elles refuseront cette attitude au
nom de leur corps opprimé par le mythe masculin de la fidélité.
Et porteront haut la tête, fortes de leur parité conquise.
M. P.
Février 2003