Pour la première fois, Dostoïevski se tourne vers l'enfance, le moment où commencent le processus de l'aliénation et la germination de la révolte. Pour la première fois, il veut analyser le mystère de l'homme dès son origine, dans sa totalité, prendre l'être humain à sa naissance spirituelle, au temps de l'enfance lorsque tout est possible. Nétotchka Nezvanova, publié en 1849, préfigure les futurs grands romans.
"Ce petit roman inachevé", l'auteur le chérit particulièrement. Nétotchka n'est pas seulement son héroïne, elle est lui-même, même s'il se garde bien de le dire, comme toujours. La prédilection qu'il a pour ce texte vient précisément de ce qu'il y a glissé beaucoup de lui-même, de ses fantasmes et de ses joies, de ses rêves et de ses souffrances d'enfant. Il y a dans cette œuvre une autre exaltation, celle qu'on éprouve dans l'enfance lorsque l'aspiration, la vocation au bonheur, quelles que soient les tragédies, vous emporte irrésistiblement.
Postface de Jacques Catteau.