Âge : 54 ans
Signe / Traits de caractère particulier : Le courage de travailler, de ne pas abandonner. C’est ma ténacité qui m’a
le plus portée dans ma vie. Écrire un troisième roman après le succès de Changer l’eau des fleurs était compliqué. Il fallait passer au-dessus, je l’ai fait et j’en suis fière.
Un nouveau roman addictif aux thèmes forts, des personnages énigmatiques aux destins inextricablement liés, le tout sur un fond d’enquête policière. Sorti il y a tout juste quelques semaines, Trois a déjà conquis les coeurs de nombreux lecteurs, pour la plus grande fierté de Valérie Perrin, son auteure. Rencontre.
Vos romans connaissent un succès fou en Belgique et à l’étranger. Cela crée sans doute un certain stress, peut-être une pression lors d’une nouvelle sortie…
Il y a effectivement une grande pression derrière un succès. J’avais énormément d’appréhensions pour la sortie de Trois, notamment concernant les thèmes abordés
dans le roman, sur la manière dont les lecteurs allaient les recevoir. Sortir un nouveau roman après avoir laissé Violette Toussaint, de Changer l’eau des fleurs, c’est compliqué. Je me posais de nombreuses questions sur l’accueil de mon prochain roman, les attentes de mes lecteurs. Quinze jours avant sa sortie officielle,
Trois a été envoyé à des blogueurs et des influenceurs. Quand j’ai eu les premiers retours, j’ai très vite été rassurée, ils étaient fantastiques. Du coup, ça m’a apaisée et
encore aujourd’hui, les retours sont très bons, j’en suis ravie.
Trois, c’est le titre d’un album du groupe Indochine. Vous abordez d’ailleurs tout au long du roman le thème de la musique et les chansons de ce groupe…
La musique tient une immense place dans ma vie depuis toujours. J’avais 13 ans la première fois que j’ai entendu L’aventurier. Je venais de découvrir Indochine. C’est donc un groupe qui parle à ma génération, qui fait partie de notre vie depuis qu’on est jeune. Pour Trois, un roman qui se déroule sur 30 ans, j’avais besoin d’un groupe qui existait déjà à l’époque et qui existe encore aujourd’hui. Or, Indochine est le seul groupe qui continue à composer et à remplir les salles, en tout cas en France. Il n’y en a pas d’autres.
"La musique tient une immense place
dans ma vie depuis toujours."
Vous dédiez d’ailleurs notamment votre roman à Nicola Sirkis, le chanteur du groupe…
Et ce pour de nombreuses raisons. Indochine a chanté, ces quarante dernières années, de grands thèmes comme l’adolescence, l’amour, les premières fois, la question du genre, l’homosexualité. Par ailleurs, ce groupe a connu, exactement comme tout un chacun, des moments merveilleux mais aussi des drames et des tragédies. Pourtant, ils ont survécu ! C’est incroyablement lié à l’histoire de mon roman. Indochine a d’ailleurs écrit dans sa chanson La vie est belle : « Nous irions faire la vie, réussir au moins ça ». Ici, on imagine parfaitement une bande d’amis qui écouteraient ce morceau ensemble. Cette image colle tout à fait à l’histoire de Trois
et à ces trois amis d’enfance. Je ne pouvais pas mieux choisir.
Le livre aborde des thèmes comme le passage à l’âge adulte, l’amitié et les premiers amours, les choix de vie… C’était une évidence pour vous d’aborder ces sujets ?
Je voulais en effet aborder la sortie de l’enfance et cette transition importante entre le CM2, à dix ans, et la sixième. C’est une période particulière qui peut parfois s’avérer difficile. Je voulais aussi parler de l’adolescence, la jeune vie d’adulte et le regard qu’on porte ensuite sur nos actes passés. Pour cette raison, je souhaitais y aller par paliers et c’est également la raison pour laquelle il s’agit d’un gros roman : ce sont trois destins, trois histoires, trois vies qui se croisent et se décroisent au fil du temps.
Vous abordez également le harcèlement scolaire au travers du personnage Py et ajoutez toutes des anecdotes de la vie réelle qui permettent une identification aisée aux personnages...
L’instituteur de CM2 a d’ailleurs réellement existé ! J’ai changé son nom bien sûr, mais un de mes proches, qui était bon élève, a vécu ce type de harcèlement. Tout le monde en avait conscience mais il y a trente ans, c’était rare d’en parler. D’autant que, tout comme Py dans mon roman, c’était un bon instituteur, les élèves qui sortaient de sa classe avaient un très bon niveau. Dès lors, on laissait faire les choses et je pense que c’est en partie dû à la figure importante que représentait l’instituteur dans un village à cette époque. Dans mes trois romans, il n’y a rien de totalement inventé. Pour aborder l’écriture de Trois, j’ai questionné des adolescents mais aussi ma propre adolescence et mes enfants. Je me suis ainsi rendue compte que les grandes questions existentielles qui nous taraudent quand on est adolescents traversent les années. Les questionnements restent les mêmes au fil des ans.
Il y a d’ailleurs aussi cette recherche de la vérité qui constitue un élément symbolique et récurrent de vos 3 romans…
C’est vrai. Dans Les oubliés du dimanche, Justine, le personnage principal, est à la recherche de sa propre histoire personnelle et, en questionnant les personnes âgées,
elle recherche une vérité. Dans Changer l’eau des fleurs et Trois, il y a une grande enquête autour d’un événement dramatique. Le point commun également de ces romans, ce sont les rencontres et la manière dont celles-ci peuvent influencer nos vies, dans la bienveillance ou dans la malveillance. J’aborde également des thèmes récurrents comme la monoparentalité ou les enfants élevés par des grands-parents.
En 2018, votre livre Changer l’eau des fleurs a notamment reçu le Prix des Maisons de la presse, marquant probablement un tournant dans votre carrière…
Ça été un grand bonheur d’obtenir ce prix. En juillet 2019, la version poche de Changer l’eau des fleurs est d’ailleurs arrivée en tête des ventes en France, ce qui a marqué un deuxième grand tournant dans ma vie d’auteure. Au fur et à mesure, en 2018 puis en 2019, mon livre s’est exporté dans d’autres pays d’Europe, puis aux États-Unis, au Canada et jusqu’en Asie. J’en suis très fière.
Vos romans se lisent comme un scénario, une sorte de film qui se déroule devant les yeux… Est-ce dû à votre métier de scénariste ?
Mes romans ressemblent à des films,c’est certain. Changer l’eau des fleurs est très cinématographique. J’ai d’ailleurs des offres pour de futures adaptations mais je ne sais pas encore si ce sera développé sur plateforme ou au cinéma. À suivre…
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Un autre livre en préparation peut-être…
Je vais peut-être adapter Les oubliés du dimanche au théâtre mais rien n’est encore sûr à ce jour. Je débuterai cet été l’écriture de mon quatrième roman mais je ne me mets pas de pression. Mes romans ont tous trois ans d’écart, ce n’est pas anodin, cela me permet de m’immerger complètement dans l’histoire, de vivre avec mes personnages. Selon mes calculs, vous pouvez donc vous attendre à découvrir le prochain en 2024 (rires). J’ai déjà le thème en tête ainsi que le lieu et des idées sur les personnages, mais pour ce qui est du reste, je le découvrirai au fur et à mesure de l’écriture.
Je viens de terminer La plus précieuse des marchandises, de Jean-Claude Grumberg. C’est un petit conte qui se lit rapidement et qui très précieux pour la littérature.
Quand un livre me plait, je l’achète en plusieurs exemplaires pour l’offrir à mes proches. C’est ce que j’ai fait avec mon dernier coup de coeur.