"Je venais d'obtenir enfin l'un de ces précieux
certificats de résidence après lesquels je
courais. Il m'avait été accordé en assemblée
générale de la section qui se tenait dans l'église
de la Trinité. J'étais au moment d'en sortir,
lorsqu'un petit homme m'accoste d'un air bénin,
et me tire à part sous prétexte d'avoir deux mots
à me dire. Je le suis avec confiance, le prenant
pour un de ces témoins qu'on m'avait procurés
et que je ne connaissais pas. C'était un membre
du Comité révolutionnaire qui, sans plus de
façon, me fit conduire au Comité. Aussitôt
interrogé, il ne fut pas difficile de constater que
j'étais un ci-devant conseiller au parlement de
Paris, que mon père était déjà arrêté. Nul doute,
par conséquent, que je ne fusse de bonne prise,
et on me signifia, en dépit de toutes mes représentations,
que j'allais être conduit à la prison
du Luxembourg.