La Hongrie des Habsbourg
Tome II : de 1790 à 1914
Entre la mort de Joseph II et l'attentat de Sarajevo, la Hongrie, intégrée dans la Monarchie des Habsbourg, est entrée dans la modernité économique, politique et culturelle, non sans souffrir de la tutelle viennoise jusqu'à 1867. Préparée par la pensée éclairée solidement enracinée et vingt ans d'efforts réformistes sous l'étouffant gouvernement de l'ère Metternich (1815-1848), la révolution de 1848 liquida le système féodal et instaura un régime parlementaire. Ni la brutale répression de 1849, ni les efforts du néo-absolutisme ne purent toutefois plier la résistance des vaincus et en 1867, François-Joseph fut contraint d'accepter le Compromis qui transforma l'Empire d'Autriche en une Double Monarchie et entérina les règles de fonctionnement du dualisme.
Dans la période du dualisme (1867-1914), l'action des gouvernements libéraux a valu à la Hongrie une croissance économique soutenue, un système éducatif performant, une justice humanisée, et aussi le respect de la liberté de conscience, encouragée par une presse libre et dynamique. Ces profondes transformations trouvèrent leur expression dans l'essor de Budapest qui devint une grande capitale européenne, sur le modèle de Paris, de Vienne ou de Berlin : L'Exposition de 1896, organisée pour marquer le Millénaire de l'arrivée des Hongrois dans le Bassin des Carpates, célébra les succès du présent et témoigna de la foi dans l'avenir. Mais le poids des archaïsmes sociaux et l'appréhension de risques que faisait courir au pays le conflit avec les nationalités empêchèrent même après 1900 l'adoption du suffrage universel dans un pays profondément attaché à sa tradition parlementaire.
Ces querelles ont malheureusement occulté l'image de la Hongrie libérale et son rayonnement dans le domaine littéraire, musical, artistique et n'ont laissé apparaître qu'une image malveillante de « prison des peuples » persécutant les nationalités minoritaires.