
1849-1853 : moment de crise, de confusion et d'erreur. Qui mieux
que Montalembert lui-même peut s'exprimer sur ce qui s'est passé ?
«À 42 ans, par un concours de circonstances extraordinaires, et par
suite de la noire ingratitude du Prince dont j'avais servi la cause avec
un zèle si imprudent, ma carrière est brisée. Je tombe d'une certaine
hauteur (où je m'étais élevé, sans amis, sans parti, sans appui quelconque,
sans autre force que la mienne propre), j'en tombe dans le
néant où vont désormais se confondre toutes les grandeurs de la
France constitutionnelle et parlementaire. [...]. Je ne crois ni ne
tiens guère à la justice de la postérité : j'ai vu trop d'exemples de l'incroyable
injustice des hommes...» Entre 1849 et 1853, la France bascule
de la République à la dictature. On sait le mépris de Montalembert
pour la république, sa peur du socialisme. Le Journal dévoile
comment il misa tout sur Louis-Napoléon, croyant l'avoir initié «au
parti que l'on pouvait et devait tirer de l'action religieuse», comment
il fut associé au projet, à la préparation et à la consolidation du coup
d'État. En quelques semaines, il comprit la véritable nature du
régime qui s'installait en détruisant toutes les libertés acquises
depuis trente ans : comment ne l'avait-il pas pressenti ? Le parti
catholique aussi y perdait son âme, soumis à l'Univers de Veuillot et
ne rêvant que d'absolutisme. Demeurent, au crédit de Montalembert,
sa totale indépendance et son absolu désintéressement. Mais le projet
de lier les «destinées immortelles de la religion» à quelque régime
politique que ce soit n'est-il pas un leurre ? Le débat reste ouvert.
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