Correspondance Générale, Tome III, 1849-1855
Le tome II de la Correspondance générale d'Ernest Renan s'achevait le 23 octobre 1849. Le tome III s'étend du 29 octobre 1849 au 30 décembre 1855. On trouvera ici près de cinq cents lettres, dont cent quatre-vingt-deux inédites et cinquante-sept partiellement inédites, qui permettent de suivre l'évolution intellectuelle et sociale de Renan entre vingt-six et trente-deux ans.
Le jeune Renan, qui s'est vu confier une mission scientifique en Italie en automne 1849, va parcourir ce pays pour en visiter les principales bibliothèques ; il en retirera une ample moisson d'informations, qui lui serviront en particulier à élaborer ses thèses. Ce voyage est aussi l'occasion d'une découverte fondamentale, celle de l'art, et nombreuses sont les lettres où il évoque les oeuvres - picturales notamment - auxquelles il se montre sensible. Enfin l'Italie est pour lui une révélation personnelle. On connaît l'incipit de L'Avenir de la science : « Une sorte de vent tiède détendit ma rigueur... »
L'été 1850, E. Renan s'installe à Paris avec sa soeur Henriette, de retour de Pologne où elle exerçait les fonctions de préceptrice auprès des enfants du comte Zamoyski. La correspondance de celle-ci témoigne de sa sollicitude pour son frère et de l'aide matérielle qu'elle lui fournit et qu'elle fournira à la famille Renan longtemps accablée de dettes.
Commence alors avec Henriette une vie commune vouée aux travaux intellectuels. En 1851, E. Renan fait un voyage à Londres pour étudier les manuscrits syriaques du British Museum.
En 1852, il soutient sa thèse intitulée Averroès et l'averroïsme, qui lui attirera - entre autres - une critique de son ancien professeur d'hébreu, l'abbé Le Hir, lui reprochant ce « sourire ironique » qui le détourne de la foi.
Les années suivantes, Renan élabore son Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, qui l'éloigne un peu plus de la religion. Cette Histoire, qui paraîtra en 1855, suscite de nombreuses réactions et déclenche un début de controverse avec l'un des maîtres de l'orientalisme allemand, Max Müller.
À la fin de l'année 1855, Renan a construit les prémisses d'une oeuvre dont la puissance critique commence à préoccuper l'Église. Pour affermir une position scientifique encore fragile il va préparer son élection à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, sans rien sacrifier de sa liberté de pensée.