Les avant-gardes
artistiques 1918-1945
Une histoire transnationale
Pour qui entreprend une histoire transnationale des avant-gardes picturales au XXe siècle, la période que couvre ce deuxième tome, de 1918 à
1945, est la plus périlleuse. Car l'auteur doit se colleter avec le grand récit
dicté par les avant-gardes elles-mêmes.
Tout commence-t-il avec Dada ? Dès 1910 s'observait la remise en cause
symbolique de Paris par les nouvelles générations dans de nouveaux
centres : Berlin, Munich, Londres, Bruxelles, Cologne, Moscou, New York.
Dada, certes né dans les charniers de la guerre, fut plus encore issu de
l'histoire de la modernité artistique et littéraire depuis les années 1850.
Les avant-gardes furent-elles idéologiquement progressistes ? Les acteurs
ne cessèrent de négocier entre les logiques révolutionnaires, leurs ambitions nationales et celle de continuer tant bien que mal à se faire connaître
sur la scène internationale.
Loin que Paris fût la capitale unique, d'une ville à l'autre, et en particulier
à Berlin, Prague, Budapest, Vienne, Moscou, mais aussi à Amsterdam,
Bucarest, Zagreb, Barcelone et jusqu'à São Paulo, Mexico et au Japon,
apparurent régulièrement de nouveaux groupes décidés à se faire une
place dans le courant du modernisme.
En revanche, l'entre-deux-guerres fut une période de marchandisation
aboutie de l'innovation artistique. Dans les pratiques et les débats des
avant-gardes, une problématique était récurrente : quelle place faire au
marché, surtout en cas de succès ?