René Allio : Les Carnets
I. 1958-1975
Pendant une quarantaine d'années et jusqu'à sa mort en 1995, René Allio, réalisateur entre autres de Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère, des Camisards et de La Vieille Dame indigne, mais aussi peintre, décorateur, scénographe et essayiste, a écrit plus ou moins régulièrement dans de petits carnets qu'il avait toujours avec lui. Des carnets qui au fil du temps se sont avérés pour lui bien utiles, voire indispensables. Le carnettiste y parle à chaud de tout ce qui l'occupe (et le préoccupe) : sa pratique artistique, sa condition d'artiste et d'intellectuel, ses interventions dans la vie théâtrale de son temps et en faveur de la création cinématographique en région, mais aussi sa vie familiale et ses vicissitudes affectives. Ses notes ne sont pas pour autant un journal intime : Allio n'y écrit pas quotidiennement et il ne tient pas à se complaire dans ses états d'âme. Il en résulte plutôt une réflexion fragmentée et permanente sur l'art, en même temps qu'un programme de vie qui va de l'émancipation à l'accomplissement de soi. Tout cela valait bien la peine d'être porté à la connaissance du public et d'être proposé à la sagacité des spécialistes.
Voici donc le premier tome de l'édition intégrale des Carnets. Ne lui en demandons pas plus : elle offre aux lecteurs le texte d'Allio fiable, renseigné et commenté a minima. Autrement dit, elle ouvre la possibilité d'études plus fouillées mais n'a pas vocation à les entreprendre. Elle s'inscrit, en tant que récit personnel, dans un mouvement de redécouverte de l'auteur et de son oeuvre.