Le 6 février 1945, Robert Brasillach, journaliste et écrivain
de renom, était fusillé pour intelligence avec l'ennemi.
Philippe Bilger ne revient pas sur sa culpabilité mais retrace
le parcours intellectuel de ce personnage sulfureux. Il met
en lumière les ressorts intimes de l'écrivain collaborateur,
les raisons tantôt explicites, tantôt obscures de ses dérives.
Surtout, il pointe la justice expéditive qui a présidé au procès
de cet intellectuel qu'il rejuge en sa qualité d'avocat général.
Car on peut accabler Brasillach autant qu'on veut, rien ne parviendra
à justifier cette froide résolution mise en oeuvre par une cour
d'exception. Ambiguïté de la magistrature, lacunes de l'accusation,
limites de la défense, dignité de l'accusé à l'audience, responsabilité
de l'intellectuel en temps de guerre, antisémitisme et fureurs
de l'Histoire, peine de mort programmée, grâce refusée : sans
réhabiliter Brasillach, Philippe Bilger se fraye un chemin dans
le maquis de cette destinée tragique et s'interroge : comment
condamnerait-on Brasillach aujourd'hui ?