Étincelles III
On cultive encore trop souvent, même en Église, le rêve du nombre, le regret de n'être plus aussi nombreux, le complexe de n'être pas assez nombreux. Pareille idée du nombre relève de l'idéologie. « Simon-Pierre hâla le filet sur le rivage, plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. » (Jn 21,11). Le nombre n'a raison d'être que pour autant qu'il est semence. Plutôt que de souscrire à un protocole de soins palliatifs ou de consentir à des hybridations qui garantiraient à bon marché la puissance du nombre, il nous faut trouver aujourd'hui une maturité dans notre minorité même, laquelle est notre béatitude évangélique (cf. Lc 12, 32) et notre condition ordinaire au regard de l'histoire. Être chrétien, c'est être frère mineur de ce monde. Il ne s'agit point de faire nombre, mais de faire signe. Certes, le christianisme n'est plus le catalyseur ni le centre de la culture contemporaine, mais de grâce, qu'il n'en soit pas la banlieue : qu'il en soit le franc-tireur ! Voici, pour couvrir la première décade de ce siècle, trois Livrées successives d'étincelles. Car une triple lame - trikymia, eussent dit les Grecs - est toujours décisive, toujours nécessaire pour emporter l'assentiment autant que les obstacles. « Vague dressée, adressée au siècle nouveau » : tel pourrait être le sous-titre d'Étincelles III, qui marque un sommet stylistique dans l'écriture du père François Cassingena-Trévedy.