«80 % d'une génération au bac»: ce mot d'ordre, lancé en 1985 comme objectif de l'enseignement secondaire français, fait l'objet d'un consensus politique, satisfaisant le progressisme de la gauche enseignante et le pragmatisme des gouvernements qui ont vu là un moyen de juguler le chômage de masse des jeunes. Ce slogan a nourri les espoirs d'une possible promotion sociale pour les enfants de familles populaires, en particulier immigrées, dans un contexte d'insécurité économique et sociale croissante.
Dans ce livre nourri d'une enquête de dix années, Stéphane Beaud raconte, à travers les portraits de jeunes d'un quartier HLM à forte composante immigrée, les illusions et les désillusions de ces «enfants de la démocratisation scolaire», engagés dans la voie incertaine des études longues. Il montre comment ils ont dû déchanter alors qu'ils se voyaient peu à peu relégués dans les filières dévalorisées du lycée et du premier cycle universitaire.
L'auteur met ainsi en lumière l'ambivalence de la politique volontariste de démocratisation scolaire: d'un côté, une élévation globale du niveau de formation et une forme de promotion sociale pour certains et, de l'autre, un coût moral et psychologique important, voire dramatique, pour ceux qui se retrouvent fragilisés par leur échec universitaire et confrontés au déclassement social.
«Ce livre se lit comme un roman. Genre noir, où la dure loi de la ségrégation sociale est à l'oeuvre jusque dans les représentations mentales.» Le Nouvel Observateur
«Une enquête qui, en accompagnant les jeunes sur une dizaine d'années, fait comprendre de manière intime leurs espoirs et leurs déceptions.» Le Monde diplomatique