Sur le toit d'un immeuble de Montréal, une femme au teint de rousse se fait bronzer. Immobile sous les rayons, Julie O'Brien ne supporte pas la morsure du soleil : mais elle considère le traitement qu'elle s'inflige comme obligatoire.
La beauté, chez Nelly Arcan, est en rapport avec la maltraitance. La beauté est une guerre. Et la guerre surgit lorsque Rose Dubois la rejoint sur ce toit brûlant. Rose est en couple avec Charles Nadeau, un photographe de mode. Les deux femmes se lient, mais ne peuvent s'empêcher de projeter dans leur relation l'ombre de leurs peurs. Chacune peut repérer les traces de la chirurgie sur les lèvres ou les seins de l'autre. Un lien au scalpel. Et pendant que Charles manipule des photos sur son ordinateur, Julie et Rose se demandent laquelle est en trop, qui devra mourir.
Dans un monde de harcèlement publicitaire où le corps des femmes est sans cesse déshabillé et exposé, brandi comme une marche à suivre et refondu par la chirurgie esthétique, l'amour semble glisser des doigts.
C'est une histoire d'aujourd'hui, cruelle. C'est aussi une prouesse littéraire sans pareille. Un pur condensé de désenchantement et de colère.
Nelly Arcan est québécoise. Ses deux premiers romans, Putain (2001) et Folle (2004), se sont distingués des deux côtés de l'Atlantique.