En contrepoint de ses romans, le grand écrivain
chinois Yan Lianke mène depuis longtemps une
réflexion sur l'écriture et la littérature, qui continue de
nourrir toute son oeuvre.
« Colère et passion sont l'âme de mon travail. »
A l'origine, il y a la révolte de l'écrivain. Son désir de
détruire la prison conventionnelle que les classiques
lui ont léguée. De tailler en pièces le réel manipulé et
falsifié de la propagande culturelle chinoise.
Lorsque la réalité ressemble à un tremblement de terre
prêt à tout moment à ébranler le sol où l'on marche,
il faut aller chercher des causes cachées, invisibles
qui puissent expliquer ce réel incompréhensible et
chaotique.
Remontant le temps, Yan Lianke convoque les grandes
voix du réalisme, Stendhal ou Kafka aussi bien que
Joyce ou Garcia Marquez, pour retracer l'évolution
de la fiction dans son pouvoir à rendre compte du
réel. Il nous conduit ainsi à la découverte de ce qu'il
appelle audacieusement le « mythoréalisme », la seule
forme littéraire susceptible de nous emmener explorer
les contre-courants et les sombres tourbillons sous le
fleuve clair du rationnel.
Un manifeste littéraire qui est aussi un acte de foi en la
capacité de l'humanité à survivre à la folie du monde.