À la folle jeunesse
« C'est le dernier jour, mais je ne le sais pas encore.
Exactement comme au moment où a été pris ce
Polaroid. Je dois avoir dix ans, mes yeux sont plissés de
fureur parce qu'on me force à me tenir face au soleil
ou parce que je n'existe qu'en photo; le tee-shirt bleu
ciel des Dents de la mer ne me rappelle rien, le banc
de sable qu'on devine flou derrière non plus, et du
jour où cette photo a été prise, je ne sais que ce qu'on
m'en a dit : qu'après l'avoir éventée pour la faire sécher,
au lieu de l'empocher comme n'importe quel parent,
ma mère me l'a tendue comme si elle ne voyait vraiment pas quoi en faire. »
Au fit d'une journée où se croisent ceux qu'on a trop
aimés ou pas assez, un passé resurgit et se déconstruit peu à peu. À la folle jeunesse exprime, avec
le plus de sincérité possible, les plus gros mensonges. Et inversement.
« C'est la première fois depuis Un singe en hiver qu'un
livre me donne envie de déboucher une bouteille
de champagne en portant un toast. »
Frédéric Beigbeder, Le Figaro Magazine