L'histoire de la hache, qui commence avec les débuts de
l'humanité, reste mal connue pour les trois derniers siècles du
Moyen Âge. La famille de l'outil est alors d'une étonnante diversité
et sa diffusion connaît un essor décisif. La promotion de l'arme est
aussi exceptionnelle. Elle occupe une place au combat, dans les
joutes et tournois, qu'elle n'a plus ensuite, mais que reflète encore
l'imaginaire collectif. L'objet est surtout attachant par ce qu'il
apprend des hommes qui l'ont fabriqué, manié, entretenu, réparé,
transmis, et qui l'ont apprécié, aimé, convoité ou parfois redouté. Il
permet de redonner vie aux pauvres disgraciés, aux exclus et aux
marginaux des forêts, au paysan, à l'ouvrier, à l'artisan, au
marchand de bois, à ceux qui humblement accomplissent leur tâche
et aux révoltés. Resurgissent obscurs, délaissés, méprisés les
bourreaux, les brigands de grand chemin, les soldats perdus, les
criminels endurcis ou de rencontre et leurs malheureuses victimes.
Puis viennent, plus familiers, les chasseurs, les forestiers, seigneurs
fastueux et âpres au gain et leurs agents malhonnêtes, les sergents,
les pionniers, les troupes des garnisons, les héros anonymes de la
guerre des buissons ou de Flandre. Enfin, moins attendus,
apparaissent hache au poing, les Templiers, les Croisés, les
Cathares, les corps d'élite aussi affûtés que leur arme, ou encore les
chevaliers, champions flamboyants dont les exploits font rêver
jusqu'aux plus modestes, et surtout le prince.