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À la lisière du réel
Le sens commun tient généralement pour réel ce qui est immédiatement donné. Aussi pense-t-il qu'il n'y a de réel que le présent. Nicolas Grimaldi, ancien Professeur d'histoire de la philosophie moderne puis de métaphysique à la Sorbonne, remarque cependant, à la suite de Pascal, que « nous ne nous tenons jamais au temps présent ». Sans cesse nous guettons l'imminence du possible. Telle est la dissidence qui tient constamment la conscience à distance du réel. Or qu'est-ce qui désunit la conscience du présent pour la lier à l'avenir, si ce n'est l'attente ? L'attente est à la conscience ce que la tendance est à la vie : son principe. Non seulement l'écart est leur être même, mais cet écart n'est autre que le temps. Qu'attendre, toutefois, sans imaginer ce qu'on attend ? En nous faisant minier ce dont l'irréel nous envoûte, le propre du jeu est de nous faire vivre à l'interface du monde et de sa fiction, à la lisière du réel.
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