Au colonel DE POMMAYRAC
’auberge du Faisan doré était en révolution.
« Holà, Margot, Gothon, Madelon, qu’on me surveille cette broche ! Antoine, Pierre, Joseph, Barnabé, empressons-nous, qu’on étrille les chevaux et qu’on garnisse de foin le râtelier ! Béelzébuth confonde tous ces coquins, voyez un peu s’ils vont grouiller ! »
Maître Jean - Baptiste Mautravers, l’hôte, répandait ses malédictions en pure perte ; la valetaille, habituée aux vociférations du gros homme, n’en avait cure, et vaquait sans s’émouvoir aux services inhérents à chacun avec une rare placidité ; aussi tout marchait à souhait : un gigantesque quartier de sanglier, embroché dans l’âtre, prenait des tons dorés les plus appétissants du monde, la table était mise avec une nappe d’une éblouissante blancheur, et dans l’écurie les chevaux, bien pansés et luisants, dévoraient leur fourrage avec une évidente satisfaction.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.