C'est lorsqu'il entre dans l'Histoire que le Nouveau Monde perd
son aura mythique. Les pionniers en quête de la terre promise
comprennent, trop tard, qu'ils sont en train de reproduire l'Ancien.
Comme si la porte du paradis se refermait au moment
même où ils croyaient l'avoir retrouvé.
Tel est le fil rouge qui court à travers la vaste tapisserie du cinéma
américain, de D.W. Griffith à David Lynch, de F.W. Murnau à
Terrence Malick. Si l'on en croit les conteurs de l'âge classique, les
grilles du Jardin d'Éden sont restées entrouvertes. Les modernes,
eux, proclament que nous en avons été exilés : le romanesque ne se
nourrit plus d'espérance, mais de désenchantement.
Cet imaginaire hollywoodien toujours tiraillé entre le ciel et l'enfer,
Michael Henry Wilson nous invite à le revisiter, quand ce n'est à le
revivre, dans sa prodigieuse effervescence.