Les États-Unis se flattent d'être un pays forgé par ses immigrés, mais depuis le deuxième mandat de George W. Bush le thème de l'immigration est devenu une source de forte polarisation politique. Face à la présence de plus de 10 millions d'immigrés en situation irrégulière, dont plus de la moitié sont mexicains et 80 % latino-américains, la droite militante s'oppose frontalement à toute mesure de régularisation et prône des politiques nationales ou locales de surveillance renforcée visant à intimider et à éloigner des populations jugées « inassimilables ».
Au Congrès des États-Unis, la polarisation a mené à l'impasse : aucun projet de loi sur l'immigration, même favorable aux intérêts patronaux, n'a vu le jour depuis l'entrée en fonction de Bush. Démocrates et républicains ne se sont entendus que sur la construction d'un mur le long de la frontière mexicaine. En l'absence de toute loi susceptible de « réparer » un système que tous s'accordent à dénoncer comme « déréglé », certains territoires - l'État frontalier d'Arizona montrant la voie - adoptent leurs propres lois visant à faciliter la poursuite des immigrés en situation irrégulière, sans craindre de promouvoir une forme de profilage racial, de constitutionnalité suspecte, menaçant tous ceux qui « ressemblent » à un immigré irrégulier...
Ce livre fournit le contexte sociologique et politique nécessaire pour comprendre les racines de cette crise, à l'échelle nationale mais aussi transnationale, les formes de répression et de stigmatisation qu'elle engendre et les résistances que suscitent les politiques en vigueur.