Dès le début du XXe siècle, un courant démocratique est
apparu en Chine. Pourtant, à la manière d'une ombre, il se
révèle difficile à cerner : depuis la prise de pouvoir par le
parti communiste en 1949, il n'a jamais pu se structurer en
force politique. Au fil des années, diverses catégories
sociales l'ont incarné, profitant des luttes au sommet pour le
pousser sur le devant de la scène. Victime de vagues de répression
récurrentes, il n'a cependant jamais disparu. S'il n'a pas réussi à
s'imposer au sommet de l'État, il n'a cessé de hanter les dirigeants
du Parti. Parfois instrumentalisé, souvent réprimé, il renaît périodiquement
de ses cendres. Du mouvement du 4 mai 1919 aux événements
de la place Tiananmen en 1989, de la naissance des Murs
de la démocratie (1978-1979) aux formes renouvelées de la protestation
collective aujourd'hui, Jean-Philippe Béja dresse le tableau
complexe d'une nébuleuse dissidente qui a fait de la lutte contre
l'autoritarisme son combat.