Pendant des siècles, lors de leurs migrations, les hommes ont emmené
avec eux les plantes dont ils se nourrissaient pour les cultiver là où
ils s'installaient, multipliant leurs lieux de culture. Le paysan qui les
cultive aujourd'hui, lui, s'intéresse peu à leur aire d'origine. Saison
après saison, année après année, il suit le rythme de la croissance du
blé ou du maïs, de la fructification du cacaoyer ou du pommier, du
gonflement de la hampe de canne à sucre, de la pousse des jeunes
feuilles du théier... Planter, tailler, soigner, récolter, les gestes sont
précis. À l'attente d'une récolte abondante succède l'effort pour mettre
à l'abri grains, fruits, tiges, feuilles ou racines avant leur nettoyage,
leur stockage et leur vente.
De nos vignes françaises aux champs de coton du
Sahel, des bananeraies de la Caraïbe aux plantations
indiennes de théiers, des palmeraies d'Égypte
aux rizières du Vietnam, cet ouvrage témoigne de
la vie des paysans du monde. Au champ, puis,
après le labeur, dans leur famille et au village, au
coeur de leur communauté : s'occuper des enfants,
arroser le potager, nourrir la volaille et le petit bétail,
préparer le repas, se détendre... Et entre la rizicultrice
d'Asie et l'ouvrier des vergers d'agrumes
brésiliens, entre la paysanne du Pérou récoltant son
quinoa et le producteur de coton du Mali se dessinent
d'étonnantes similitudes : l'âpreté du labeur, mais aussi
la fierté d'un métier aux sources de la vie. Un métier
menacé par les profonds bouleversements des sociétés
et l'industrialisation de l'agriculture. Dans notre monde
de demain, le paysan aura-t-il encore sa place ?