Paru à l'automne 1999 en Italie, À l'image de l'homme est
le dernier en date de la série des grands livres
«symphoniques» de Mario Luzi inaugurée en 1985 avec
Pour le baptême de nos fragments. Le précédent livre-poème
de l'auteur, Voyage terrestre et céleste de Simone Martini, prenait
la forme d'une fiction proche du «roman en vers». À l'image
de l'homme est très loin de présenter la même dimension
narrative, mais repose néanmoins sur une fiction : les poèmes
en sont attribués à un double imaginaire du poète, Lorenzo
Malagugini. Les onze sections du livre sont les fragments
posthumes, recueillis par ses amis, de son journal intime dont
le fil conducteur, écrit Mario Luzi en tête du livre, serait l'idée
d'un «noviciat incessant».
Si la confession directe est ici résolument voilée,
la particularité de ce «journal sans dates» est d'enregistrer
aussi bien la dictée de l'expérience, la succession des
circonstances quotidiennes (un voyage en Hollande,
un pèlerinage à Assise, une promenade au bord de l'Arno,
un soir à Lugano...) que les méditations religieuses les plus
intemporelles, tournées vers l'énigme de la vie future.
Le noviciat étant la période préparatoire à l'entrée dans
un ordre religieux, on comprend que le «noviciat incessant»
dont il s'agit dans ces pages est une manière de concevoir
la vie entière comme préparation à un accomplissement
qui se situe au-delà d'elle, et hors du temps.