« Si le style de Lovecraft est déplorable, on peut gaiement conclure que le style n'a, en littérature, pas la moindre importance ; et passera autre chose. » Cette manière franche et malicieuse de dynamiter les bruits qui courent est celle de Michel Houellebecq dans H. P. Lovecraft. Contre le monde, contre la vie, son premier livre publié en 1991. Pressentait-il à l'époque le jugement similaire de certains critiques sur son écriture ? Cela a-t-il eu un rôle ensuite dans la réception de son style ? Difficile à dire.
Le fait est que la parution des Particules élémentaires, en 1998, a vu naître un nouvel avatar de cette figure paradoxale que l'histoire littéraire française, pour des raisons différentes à chaque fois, ressort périodiquement de ses tiroirs : l'écrivain sans style. Qu'est-ce que l'absence de style peut signifier aujourd'hui ? Et à quelles nécessités ce constat répond-il ?
Jusqu'à l'automne 2010 et l'obtention par Houellebecq du prix Goncourt, ce sont douze années de controverse qui sont ici analysées et mises en perspective. Une tentative de retracer les grandes étapes de ce débat. Un effort pour en dégager les facteurs déterminants. Une invitation, en somme, à penser Houellebecq comme un moment où la littérature se retourne sur elle-même, face aux bouleversements majeurs qui l'assaillent de toutes parts.