La question de «l'identité nationale» a été remise au
centre de l'actualité politique par Nicolas Sarkozy,
pendant la campagne électorale des présidentielles.
Devenu chef de l'État, celui-ci a créé un «ministère
de l'Immigration et de l'Identité nationale», ce qui est
un fait sans précédent dans l'histoire de la République
française. Huit historiens ont aussitôt démissionné
de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration
pour protester contre ce ministère, estimant que cet
intitulé ne pouvait que conforter les préjugés négatifs
à l'égard des immigrés. La pétition lancée par
ces historiens a été signée par plus de 10 000 citoyens
en moins d'une semaine, et des universitaires du
monde entier se sont associés à cet appel.
Gérard Noiriel explique les raisons de ce
mouvement. Il montre que la logique identitaire,
née au XIXe siècle, a depuis constamment alimenté
les discours nationalistes. Il rappelle que, au cours
des années 1980, c'est Jean-Marie Le Pen qui a
popularisé l'expression «identité nationale» pour
stigmatiser les immigrés. Analysant de façon
minutieuse les usages de cette formule dans le
discours du candidat Sarkozy, il donne des éléments
pour éclairer les nouvelles stratégies aujourd'hui
à l'oeuvre dans le champ politique.