L'histoire de la publication des Mémoires de Louise Michel est étonnante
: elle débute en 1886, chez l'éditeur Roy, sous le titre - maintes
fois réédité - de Mémoires de Louise Michel écrits par elle-même.
Tome I. Aucun autre tome n'a suivi. Et si, par la suite, sont venus
s'accoler d'autres écrits de la célèbre anarchiste, les soixante-dix
feuilletons qui constituent le véritable second tome, parus dans la
presse de 1890, avaient «disparu», peut-être victimes collatérales
d'une entreprise de récupération de l'autobiographie de Louise Michel
juste après sa mort. Aussi l'édition de ce second tome, inédit en librairie,
constitue-t-elle un événement.
Couvrant par son contenu les années 1886-1890 (période qui s'ouvre
après la mort de Marianne Michel, la mère, et de Victor Hugo,
l'idole, pour se refermer en août 1890, à son départ pour Londres),
ce gisement, incroyablement riche, révèle une écrivaine viscéralement
engagée dans l'écriture, vivant ensemble le rapport à l'histoire, à la
mémoire, au présent de sa lutte et à l'écriture.
L'édition critique de ces Mémoires, accompagnée d'un dossier
documentaire, est établie par Claude Rétat, directrice de recherche
au CNRS.