« Ce qui est mis en péril, ce n'est pas un secteur particulier, la presse, la télévision ou la radio, mais plutôt la vie courante de l'homme qui se réalise dans le véhicule du langage. En bref, ce qui nous menace, c'est que la communication décline et que le discours public soit détaché de toute notion de vérité et de réalité. »
Josef Pieper
L'un des grands philosophes catholiques de notre temps nous propose ses réflexions sur la manière dont le langage est corrompu. Cessant d'être un moyen de communiquer la vérité, d'entrer plus intimement dans la réalité, d'acquérir sagesse et discernement, le langage est constamment détourné par ceux qui n'y voient qu'un instrument de pouvoir.
Platon avait su discerner les subtils dangers que représentait la sophistique dans la Grèce antique. Pieper nous ramène aux inquiétudes du philosophe grec en démontrant que la menace du détournement du verbe demeure plus actuelle que jamais.
« L'habitat naturel de la vérité est la communication interpersonnelle entre les hommes. »
« L'asservissement de l'homme par l'homme nous menace dès l'instant, presque imperceptible, où le mot perd sa dignité. »
« L'existence de l'homme est d'autant plus riche qu'il découvre et comprend plus intimement la réalité. »
« Par conséquent, si le mot est corrompu, il est impossible que l'existence humaine n'en soit pas affectée ou souillée. »