En ces temps où l'on exalte la toute-puissance de l'homme, comment parler de la faiblesse ? Comment évoquer les réalités qui, sans cesse, nous rappellent nos propres limites et dont nous aimerions tant nous affranchir ? Nés d'un homme et d'une femme, marqués par ce commencement avant lequel nous n'existions pas, voués à la mort et à l'interrogation sur ce fragile entre-deux que nous vivons aujourd'hui...
Dans le sillage de ces questions, la vie exprime aussi un mystère dans ses marges : l'enfance et la vieillesse signalent une autre réalité à l'activiste et à sa superbe ; le malade sussure au bien-portant que l'équilibre de la santé demeure, malgré tous les progrès de la médecine, fragile et temporaire ; l'exclu, l'étranger, dont les figures sont extrêmement présentes dans nos sociétés occidentales, rappellent à ceux qui demeurent à l'intérieur du corps social que les frontières de l'inclusion sont fragiles et relatives.
Accepter et accueillir la faiblesse, en évitant l'écueil de la victimisation, et en renonçant aussi à la toute-puissance du désir : Jacques Arènes évoque le chemin de désillusion offert par la psychanalyse, mais aussi par la tradition spirituelle. En notre époque par trop rationnelle, ces chemins retrouvent une saveur nouvelle.