La difficulté rencontrée par l'Église dans l'élaboration et la réception
de son enseignement moral, oblige la théologie morale à un renouveau
dans la fidélité à la Tradition. La question cruciale porte sur la réalité
de l'acte, ou objet de l'acte moral. Une telle question engage des enjeux
ontologiques. La phénoménologie de la vie, développée par Michel
Henry, étant une pensée du corps, de la subjectivité et de l'absolu, peut
rencontrer ces exigences. Source d'un nouveau «réalisme», elle permet
de saisir la réalité immanente de l'acte humain en son déploiement
charnel et en son lien infrangible à l'auto-donation de la Vie absolue.
L'éthique devient celle de la vie, identique au Commandement
de l'amour.
À cette aune, peut être comprise l'existence dans le péché en même
temps que la miséricorde promise par la Vie. Celle-ci se donne dans
l'économie du salut dont la théologie rend raison. L'auto-donation de
la Vie absolue, par-delà le péché, s'y accomplit dans l'Acte du Christ,
source et gond de toute l'histoire.
Compris comme le «Se-donner-soi-même» charnel du Verbe de Vie, l'Acte
du Christ est dès lors la clef de la théologie morale, et l'Eucharistie,
rendant cet Acte présent au coeur de l'Église, en devient le fondement.
L'acte humain, agi dans le Mémorial du Christ, y trouve sa puissance
et son intelligence. Mémoire de l'oeuvre de Dieu au coeur des actes
humains, l'Écriture Sainte peut alors être l'âme de la théologie morale.