Adèle : Qu'est-ce que tu fais quand je ne suis pas là ?
Maria : Je vadrouille. Mes petites affaires. La mer.
Adèle : Tu ne t'ennuies pas ?
Maria : S'ennuyer, c'est pour ceux qui n'ont rien à faire.
Adèle : La dé, elle me Ta donnée à Pâques. Les autres allaient au camp et moi, chez Maria-de-la-mer. Maman avait du travail, des soucis et Papa était ailleurs, parti. Il n'a été là qu'une nuit. Tant pis pour lui, il ne sait pas ce qu'il rate. Nous, on n'a pas besoin d'un papa, un papa pour quoi faire ? Les vacances. Maria s'occupait de moi comme elle s'était occupée de ma mère. Quand je voulais savoir, pourquoi ceci, pourquoi pas ça ? Maman répondait : « Oulà, ma fille, ça, c'est trop difficile pour moi. Retiens bien ta question, on demandera à Maria... »
Devant Maria, Maman redevenait enfant. Ma nounou, elle disait, mon refuge. Maria de la mer.
Maman : Ici tu seras bien. Pas de bêtises, promis ? Tu écoutes, Adèle ? Je compte sur toi.
Adèle : C'est Maria qui fait les bêtises.
Maman : Je sais. Fais attention, elle n'a plus vingt ans.
Adèle : Et Maria riait.
Maria : Va travailler, ma grande. Nous, on se débrouille !
Adèle revient chez la vieille Maria qui l'a élevée.
Elle retrouve le village de son enfance, la mer sans pêcheurs, l'épave sur laquelle elle jouait à être Anne Bonny, la femme pirate qui affrontait tous les dangers pour être libre.
Adèle est perdue. Il y a quelqu'un dans son ventre, dont elle est désormais responsable. Et un homme l'attend en ville.
Ce n'était pas prévu. Ce qui était prévu, c'est qu'elle partirait en mer, affronter l'inconnu.