Rêvant d'Amérique, les parents d'Edwidge Danticat quittent Haïti en
1973. Edwidge, qui n'a que quatre ans, sera élevée par son oncle
Joseph, pasteur que la maladie a rendu muet mais qui n'a rien perdu
de son extraordinaire charisme. Lorsqu'elle débarque à son tour à New
York, quelques années plus tard, les parents qu'elle retrouve sont
devenus pour elle des quasi-inconnus. Et tandis qu'ils essaient de
recomposer une famille, leur parviennent les échos d'une situation politique
de plus en plus inquiétante en Haïti. L'oncle Joseph échappera
de justesse au régime terrible des «tontons macoutes». En 2004, à
quatre-vingt-un ans, malade et diminué, il arrive enfin à Miami - mais ce
qu'il croit être son salut va devenir son ultime calvaire.
Edwidge Danticat, en rendant hommage aux siens, livre une réflexion
sur les liens du sang et la violence avec laquelle l'histoire peut parfois
les défaire. C'est le portrait de quelques hommes et femmes qui
s'achament à offrir aux leurs un avenir meilleur et sont emportés dans
une ronde tragique, d'exil en exil et d'un adieu à l'autre. C'est enfin, par
la grâce d'une prose juste et pudique, la preuve qu'il n'est de vraie
patrie, pour l'écrivain, que la littérature.