Adieu, mon livre ! Tout comme les yeux de celui qui
doit mourir, les yeux qui ont créé doivent aussi se
fermer (T.S. Eliot).
Retiré dans sa résidence, un romancier vieillissant
affronte avec un ami d'enfance sa propre disparition
face à la destruction possible d'un monde auquel il
appartient. Chôkô Kogito entreprend ainsi l'écriture
d'un nouveau roman «à l'intérieur même de ma vie».
Dans cette maison propice à l'échange de vues et à la
méditation, le romancier et ses invités parlent des ans
qui s'accumulent, commentent ces compagnons de vie
que sont Mishima et le poète T.S. Eliot, convoquent
Céline, Beckett et Dostoïevski dans des digressions
au cours desquelles s'échafaudent des théories
romanesques aussi bien que politiques.
«Je veux seulement tenter de réfléchir à la façon dont,
en tant qu'écrivain, il m'est possible de vivre la fin de
ma longue vie alors que je me trouve confronté à une
grande catastrophe» (entretien avec Philippe Forest,
La nrf - Du Japon). Ainsi s'écrit devant nous un
roman surgi de l'inquiétude, de la possibilité de vivre
poétiquement dans cette «Terre vaine» que prophétise
le poète, sans cesse menacée, et dont la catastrophe de
Fukushima est, pour l'écrivain, un signe prémonitoire.