Sade fut-il un fervent révolutionnaire, comme l'ont rêvé les surréalistes ? Un inspirateur du nazisme, comme le suggère Pasolini dans Salò ? La vérité est toute autre : elle se lit (parfois entre les lignes) dans les textes politiques qu'il écrit entre 1791 et 1794. Libéré par la Révolution d'un long emprisonnement, le ci-devant marquis doit prouver son zèle patriotique. Depuis l'« Adresse d'un citoyen de Paris au Roi des Français » jusqu'à la pétition antireligieuse qu'il rédige juste avant d'être emprisonné comme « suspect », en passant par le fameux discours « aux mânes de Marat et de Le Pelletier », clou d'un hommage public rendu à l'Ami du peuple assassiné, ces textes essentiels laissent affleurer, sous la langue de bois obligée, une indomptable liberté de parole.