Cet ouvrage cherche à cerner le réel africain sous l'éclairage de la théorie de la connaissance, matrice du mode de pensée philosophique.
L'africanisme procède à une rationalisation du particularisme pour constituer un contrepoids à l'ethnocentrisme occidental. Par cette démarche dualiste, il Investit la question de la culture qu'il déborde pour se cristalliser en courant philosophique. Cette Ecole acquiert son identité en héritant de la méprise de P. Tempels et des pensées de L.S. Senghor sur l'émotion nègre. Des critiques, comme P. Hountondji, ont rétabli la rationalité originelle de la philosophie sans pour autant réussir à se départir du dualisme.
Ce dualisme, qui trouve son paroxysme dans l'afrocentrisme de Cheick Anta DIOP, traverse aussi le discours sur le Projet social. Cette approche, faisant siens les présupposés de la théorie du gap de Mc Clelland, sépare le sous-développement du Sud du développement du Nord. Or, le mal-être de l'Afrique est fils de la mondialisation dont les contours sont délimités depuis la phase de l'accumulation primitive du capital. Cette phase, qui tient en la traite négrière un de ses moments cruciaux, perdure dans les programmes d'ajustement structurel imposés par la Banque Mondiale et le F.M.I. aux Etats post-coloniaux, naufragés dans les eaux boueuses de la prédation. Ainsi, la démocratisation du début des années 90, en épousant le paradigme néolibéral de bonne gouvernance, apporte la rationalité que requiert la privatisation du patrimoine économique du continent noir.
Aussi, incombe-t-il à la philosophie politique, en vertu de son esprit de libre examen, d'initier une théorie de la rupture qui renouvelle l'approche du développement, afin d'ouvrir à l'Afrique du troisième millénaire l'horizon des possibles.