Ce travail pose la question de génération, de nouvelle diaspora face à l'émergence dans le cours des années 80 et 90 d'une nouvelle littérature africaine de langue française, oeuvre de jeunes auteurs africains écrivant en France.
Dans leur choix d'une expression individuelle en rupture avec un quelconque pacte de mission vis-à-vis de l'Afrique, ces écrivains, hommes et femmes, s'inscrivent dans le paysage parisien et s'auto-écrivent. Plutôt que de se focaliser nécessairement sur l'Afrique, ils montrent un intérêt convergeant vers les questions d'immigration et de déracinement sans que cette littérature ne se réduise pour autant à une littérature dite d'immigration. Dans leur décentrement systématique de l'écriture et de la thématique propre au roman africain, ces nouvelles voix renouvellent la perspective sur les concepts d'identité et de littérature postcoloniale et nous forcent à reconsidérer les notions de migration et, par-delà, de multiculturalisme et d'intégration d'une manière qui fasse éclater les paradigmes dominants des sociétés mères.
A travers l'étude des textes d'auteurs tels que Calixthe Beyala, Bessora, Daniel Biyaoula, Jean-Roger Essomba, Alain Mabanckou ou Achille N'Goye, sont examinées tout à la fois les composantes et les techniques de subversion d'une littérature du détachement, du déracinement ou de l'immigration. L'élaboration d'un jeu de codes où le familier et le non-familier prennent de nouvelles valeurs, pose la question du lectorat, de sa capacité de décodage, et de son impact possible sur une écriture postcoloniale écrite depuis la France.