Deux Normands débarquent à une époque imprécise sur les rives d'un marais insalubre où règnent les moustiques et le salpêtre, une zone sauvage que les hommes ne fréquentent que de loin en loin et où la survie même est difficile. Victime de ses propres humeurs ou des fièvres du marécage, un des colons est déjà mort lorsque l'autre découvre un soir, ensevelis dans les sables, les vestiges d'une voie ancienne. En proie à une irrépressible obsession, le Normand engage alors une quête frénétique pour découvrir le point de départ - ou d'arrivée - de la chaussée.
Comme dans un livre d'aventures, Agate oeil-de-chat, qui est déjà un « classique » de la littérature espagnole, conte l'histoire d'une terre vierge et hostile, impunément occupée et exploitée par des usurpateurs, qui finira par se retourner contre eux et les anéantira avec leurs richesses éphémères. Mais, comme dans une fable ou un mythe, la peinture de la réalité se voit ici supplantée par l'invention, la richesse exubérante du langage, qui prennent le pas sur les - pourtant inoubliables - personnages.