Le 4 décembre 1926, on retrouve la voiture d'Agatha Christie abandonnée, en pleine campagne. La romancière a bel et bien disparu. Elle reparaît onze jours plus tard, inscrite sous un faux nom dans un hôtel. Amnésie consécutive à un accident ? Folie passagère ? Fugue ? Drame conjugal ? Ou opération publicitaire ? Le mystère, très médiatisé, va contribuer à populariser la reine de l'intrigue.
" Mon roman revisite à la 1re personne, dans un soliloque, cet épisode douloureux de la vie d'Agatha Christie. Perturbée par la perte de sa mère qu'elle adorait et par la trahison de son mari qui était l'homme de sa vie, Agatha ne peut plus écrire. Que se passe-t-il quand un auteur est dans ce moment pathologique, incapable d'aligner deux lignes et qu'il transforme sa vie en fiction ? L'intérêt de cette " fugue " est la façon dont l'auteur a conçu le mystère de sa disparition. Que se passa-t-il dans son esprit ? Où est la frontière entre vie et fiction ? Comment a-t-elle vécu ces jours loin de sa famille, dans une totale angoisse de voir s'étaler dans les journaux cette intrigue personnelle dont elle n'avait probablement pas mesuré la portée médiatique ?
Il était essentiel dans l'histoire que je souhaitais raconter d'être très ancrée dans les lieux où vivait Agatha Christie, où elle a élaboré une partie de ses romans et dans lesquels se sont déroulés les neuf jours de sa disparition.
J'ai donc refait tout le trajet d'Agatha, de son domicile à Londres, jusqu'à Harrogate, passant le même nombre de jours dans cette ville de cure et tentant de mettre mes pas, presque cent ans après, dans ses journées d'attente et d'incertitude.
Dans ces moments où elle n'écrivait plus, le ton du livre est devenu la pensée, une certaine forme de folie liée à la perturbation émotionnelle intense qu'elle venait de subir. Cela m'a permis de rentrer dans le processus fragile d'une romancière bien plus romantique, comme le prouvent les livres qu'elle publia après cette aventure sous le pseudo de Marie Westmascott, que celle de ses histoires policières. " Frédérique Deghelt