«Ma propre impuissance me sidère. Jusqu'au bout, elle me sidérera. Je peux désirer l'enfant que je porte et le perdre. Je peux désirer l'enfant que je porte et faire l'inverse de ce qu'il faudrait. Je peux désirer l'enfant que je porte et que sa présence, dans le même temps, me mette face à ce qui, en moi, rend cette présence difficile.
Je sais que ces contradictions existent, ces contraires en soi. Celle-là est peut-être la plus difficile à admettre. La vie est en jeu.»
Une femme se découvre enceinte. La plénitude de la maternité reprend ses droits pour elle une nouvelle fois. Mais l'espoir vacille et se perd. L'enfant à venir ne naîtra pas.
Portée par la nécessité de comprendre ce qui s'est passé, en elle et autour d'elle, l'écrivain analyse, à travers ce récit, non pas sa tristesse mais ce qui accompagne et génère cette tristesse, elle convoque au plus profond d'elle-même la douceur, l'expérience, le souvenir, mais aussi l'ambiguïté et le double enfouis.
Car il s'agit dans ce livre de revenir à cette part de silence, de peur et d'égoïsme mêlés, à tous ces spectres de dureté et d'orgueil entrevus dès l'enfance dans le regard des mères. Il s'agit d'exhumer ces modèles avec - ou contre - lesquels nous construisons notre avenir, notre image et notre féminité, avec - ou contre - lesquels nous défendons nos désirs d'enfants.
Interruption, perte, effacement, oubli. Les femmes parlent peu de ces innombrables absents.
Ainsi s'impose ce récit qu'il faut lire et faire lire, porter pour pouvoir dire...