Exercer le métier de journaliste en Afghanistan implique de
côtoyer les aventuriers de tout poil qu'attirent inexorablement
les régions du monde sous tension. Or Hanna aime les hommes
aux manches retroussées. Qu'ils aient un revolver dans la poche et
dorment sur un matelas rempli de billets de banque ne la dérange
pas. À compter de sa rencontre avec Robert, ancien mercenaire, et
Bastien, ancien agent de renseignement, la vie de Hanna, inspirée
par Kessel, Bouvier et Chatwin, prend une autre tournure. Les deux
hommes n'entravent en rien son goût extrême pour la vérité, son
plaisir diabolique à relever les contradictions. Au contraire, il suffit
d'entrer dans leur sillage pour tout voir, tout comprendre, même à
leur insu. Mais près d'eux, Hanna découvre que son penchant pour
les êtres odieux et formidables cache une fascination pour le mode
de vie qu'impose un pays en guerre. Quand les atrocités, la peur et la
mort font surgir des qualités en voie de disparition dans la vie civile :
loyauté, fraternité, héroïsme, dévouement, abnégation.
Alors, faut-il aimer la guerre ? Chaque guerre n'est-elle pas une
défaite, à commencer par celle de la raison ?
Partagée entre Robert et Bastien, Hanna aimerait pouvoir éluder
la question.
Pourtant, au sein de leur trio, elle est la seule à avoir pleinement
conscience que ce qu'ils vivent est homérique, et la seule à pouvoir
le raconter.